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Parler des autres... ou finalement d'une part de soi ?

  • Photo du rédacteur: resonaeveil
    resonaeveil
  • 24 août
  • 6 min de lecture

1 – Le miroir de l'inconscient : comprendre la projection


La projection est un mécanisme de défense de l'inconscient, théorisé par Sigmund Freud. C'est l'action d'attribuer à une autre personne ses propres émotions, pensées ou sentiments, souvent pour échapper à une situation que l'on trouve trop difficile à gérer.

En d'autres termes, on rejette sur autrui ce que l'on ne peut pas accepter chez soi.


Pour qu'un individu utilise la projection, il faut que celle-ci soit inconsciente. C'est justement parce que la personne refuse de reconnaître ses propres sentiments qu'elle les attribue à d'autres.

Ces émotions sont perçues comme tellement négatives que l'individu ne peut pas les accepter et il les transfère donc à l'extérieur, sur autrui.

Selon Freud, la projection est un phénomène à la fois courant et normal.

Elle ne devient pathologique que lorsqu'elle est excessive, comme c'est le cas dans la paranoïa.


 2 - Projection vs. Transfert : quelles sont les nuances ?


En psychanalyse, la principale différence entre la projection et le transfert est la source de l'émotion.


Dans la projection, une personne attribue à autrui ses propres sentiments, désirs ou pulsions. Par exemple, si vous vous sentez coupable, vous pourriez accuser quelqu'un d'autre de vous juger, projetant ainsi votre propre sentiment de culpabilité sur lui. C'est un mécanisme de défense pour se décharger de ce que l'on ne veut pas reconnaître en soi.


Le transfert, en revanche, est le déplacement d'un sentiment qui existait déjà envers une figure du passé (comme un parent) vers une nouvelle personne. Dans le cadre d'une thérapie, le patient peut projeter sur son analyste des émotions et des sentiments qu'il a éprouvés envers ses parents dans son enfance. L'analyste devient ainsi le réceptacle des affects anciens du patient.


3 – Quand la projection sert d'échappatoire


La projection est un mécanisme de défense inconscient qui nous protège d'une image de nous-mêmes que nous ne parvenons pas à accepter. Plutôt que de reconnaître des émotions, des croyances ou des pulsions qui contredisent notre idéal personnel, notre esprit les rejette sur une autre personne. Ce "tour de passe-passe mental" nous permet de nous décharger de ces traits considérés comme négatifs.


Étant un phénomène inconscient, nous n'avons pas conscience de ce processus. Sur le plan conscient, nous nions catégoriquement posséder la caractéristique que nous projetons, ce qui nous permet d'accuser les autres au lieu de nous remettre en question.

En somme, la projection est un moyen d'éviter d'affronter notre propre réalité.


Souvent, la virulence d'une personne à l'égard d'un comportement est le reflet d'un conflit intérieur qu'elle mène contre sa propre tentation. Plus la condamnation est forte, plus la lutte personnelle pour ne pas céder à ce comportement est intense. Ce phénomène est particulièrement observable dans des domaines comme la liberté sexuelle.


De manière générale, la projection est le reflet des aspects de nous-mêmes que nous jugeons les plus négativement. Parce que nous ne pouvons pas accepter consciemment ces traits, nous les rejetons sur les autres.

Par exemple, si vous êtes irrité par la désinvolture de quelqu'un, cela peut être le signe que vous refoulez votre propre tendance à être désinvolte.


Cependant, la projection peut aussi concerner des qualités que nous n'osons pas exprimer. Il peut s'agir de qualités que nous percevons chez les autres et qui nous touchent, simplement parce qu'elles existent en germe en nous-mêmes et ne demandent qu'à se développer.


Le problème de la projection est qu'en tant que mécanisme de défense, elle nous empêche de progresser. En effet, elle nous protège d'un malaise émotionnel, mais nous maintient aussi dans l'ignorance de nous-mêmes.

Tant que nous projetons nos défauts sur les autres, nous restons incapables d'assumer ces aspects de notre personnalité. Par conséquent, il nous est impossible de les faire évoluer ou d'en prendre conscience.


Deux voies s'offrent alors à vous.

  • La première est de vous positionner en victime des événements. Cela risque de vous faire revivre les mêmes difficultés jusqu'à ce que vous en tiriez les leçons.

  • La seconde est d'adopter une attitude de responsabilité. Cela implique de vous demander : "Quelle est ma part dans cette situation ?" et "Sur quoi puis-je agir pour évoluer ?".

Dans cette seconde approche, les personnes qui vous irritent ne sont plus des obstacles, mais des opportunités de croissance personnelle.


On trouve une notion très puissante qui rejoint un principe dans une philosophie provenant d'Afrique australe : "Je suis parce que nous sommes."

Cette phrase, souvent associée à l'archevêque Desmond Tutu, incarne l'idée que l'identité d'un individu est inséparable de ses relations avec les autres. On ne peut pas se construire seul : nos défis, y compris ceux posés par nos "ennemis", ne sont pas des obstacles à notre être, mais des parties intégrantes de celui-ci.

Le concept d'Ubuntu nous enseigne que même dans le conflit, nous sommes fondamentalement liés à l'autre. L'adversaire est, d'une certaine manière, un miroir ou une part de la communauté qui nous oblige à grandir et à reconnaître notre humanité partagée. Par conséquent, il est un élément nécessaire de notre propre développement.


On peut aussi voir le lien entre la projection et la loi d'attraction de la manière suivante :

Si vous n'acceptez pas une partie de vous-même — par exemple, votre égoïsme — vous continuerez à attirer des personnes qui vous renvoient ce trait. La loi d'attraction ne se base pas sur ce que vous voulez, mais sur ce que vous êtes.

Si une partie de vous "vibre" l'égoïsme, vous aurez le sentiment d'être entouré de personnes égoïstes, car elles sont le reflet de ce que vous projetez sur le monde.


4 – Nos ennemis, nos maîtres : la projection comme voie d'évolution.


La projection, ou « l'effet miroir », fait de nos relations un formidable outil pour mieux nous connaître.

Bien que la projection soit un mécanisme inconscient, nous pouvons apprendre à la reconnaître. En prenant conscience que l'autre nous renvoie le reflet de nos propres émotions ou traits de caractère, nous pouvons enfin identifier les aspects de notre personnalité que nous avions refoulés. Une fois ces parties de nous-mêmes reconnues, il devient alors possible de les accepter et de les intégrer.


Comment reconnaître une projection ?

La première étape pour comprendre vos projections est d'identifier quand « l'effet miroir » est à l'œuvre. Cela demande de l'honnêteté et de l'humilité, car il faut accepter de voir en soi les défauts que l'on observe chez les autres.

Pour savoir si un défaut chez autrui est une simple observation ou une projection de votre part, fiez-vous à votre réaction émotionnelle.

  • Si vous constatez ce défaut de manière neutre, sans jugement ni forte émotion, il est peu probable qu'il s'agisse d'une projection.

  • En revanche, si vous ressentez une irritation intense et que votre humeur est affectée, il est fort probable que vous soyez en train de projeter un trait que vous refusez de voir en vous-même.


Le fait de projeter un défaut ne signifie pas que l'autre personne en est totalement dénuée. Il est même plus facile de projeter un trait sur quelqu'un qui le possède déjà, même dans une moindre mesure. Par exemple, nous projetons plus facilement la violence sur une personne autoritaire que sur une personne effacée.


Ainsi, si l'on vous critique avec une grande virulence, il est probable que votre interlocuteur projette ses propres défauts. Cependant, cela ne vous décharge pas de votre responsabilité : si cette critique a un écho en vous, cela peut indiquer que vous possédez aussi, dans une certaine mesure, le trait de caractère en question.


La projection ne remet donc pas en cause l'existence d'un défaut chez l'autre, mais elle révèle une partie de vous-même.


Les étapes pour se réapproprier ses projections

Une fois que vous avez identifié un effet miroir, le processus de réappropriation se fait en deux étapes :

  1. Identifier la part projetée : L'irritation que vous ressentez ne correspond pas forcément à une caractéristique identique en vous. Le lien est parfois plus subtil. Par exemple, l'agacement causé par le bruit de vos enfants peut en réalité cacher votre propre peur du jugement des autres. Il s'agit de chercher la racine de votre émotion.

  2. Accepter sa responsabilité : Une fois cette partie de vous-même identifiée, vous devez l'accueillir avec bienveillance et sans jugement. L'accepter ne signifie pas la cautionner, mais la reconnaître comme vôtre. Cette prise de conscience vous permettra de mieux vous connaître, de comprendre vos réactions et de mieux anticiper vos moments de faiblesse.

 


Pour conclure, la projection est bien plus qu'un phénomène psychologique : c'est un miroir qui nous tend la main. En ayant le courage d'identifier et d'accepter ces parties de nous-mêmes que nous projetons, nous nous libérons d'un fardeau invisible pour devenir une personne plus complète et sereine. Comme le disait Jung, "Tout ce qui nous irrite chez les autres peut nous conduire à une meilleure compréhension de nous-mêmes." Et au-delà de la simple compréhension, la sagesse de Rumi nous invite à une transformation profonde : "La blessure est l'endroit par où la Lumière entre en vous."

 
 
 

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