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Même Souffrance, Destins Opposés : Pourquoi la Remise en Question est la ligne de partage ?

  • Photo du rédacteur: resonaeveil
    resonaeveil
  • 17 nov.
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 17 nov.

Il y a quelques semaines, une interview avec une psychologue a mis en lumière une distinction fondamentale chez les personnes ayant connu un passé difficile : le rôle déterminant de la remise en question. Selon cette analyse, deux parcours se dessinent : d'un côté, l'individu qui projette systématiquement la faute sur autrui ("Si les choses se passent mal, c’est de la faute des autres, pas la mienne") tendra vers l'hostilité ; de l'autre, celui qui s'interroge, cherche à comprendre, et s'engage dans un processus d'évolution adoptera une vision du monde beaucoup plus positive, favorisant ainsi la bienveillance. Cette approche m'a paru si pertinente que j'ai souhaité l'approfondir et la partager avec vous.


1.Le Locus de Contrôle et la Responsabilité


L'observation selon laquelle les personnes ayant un passé difficile réagissent différemment – certaines avec bienveillance et d'autres avec hostilité – est largement soutenue par la psychologie. La distinction essentielle réside dans la stratégie d'adaptation adoptée.

D'un côté, nous trouvons l'approche de l'introspection (ou Locus de Contrôle Interne), où

l'individu, malgré ses souffrances, se remet en question et assume la responsabilité de ses réactions. Cette démarche favorise souvent l'empathie.

De l'autre côté, il y a la tendance à la projection de la faute (ou Locus de Contrôle Externe), où la personne blâme en permanence les autres pour son malheur et ses actions, un mécanisme de défense qui peut mener à des comportements plus agressifs ou toxiques.


A. Locus de Contrôle Interne (Proche de la "Gentillesse" avec Remise en Question)



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Les personnes qui développent un locus de contrôle interne (Internal Locus of Control) ont tendance à croire qu'elles sont responsables de leurs propres résultats et de la manière dont elles réagissent aux événements.

  • Réaction face aux difficultés : Elles voient leur passé difficile non pas comme une fatalité, mais comme un ensemble d'expériences qu'elles peuvent transformer.

  • Stratégie : Elles pratiquent l'introspection (remise en question), cherchant comment elles peuvent changer leur comportement et leurs réactions. Cela mène souvent à une plus grande empathie et à un désir d'aider les autres (le phénomène du "survivant" qui veut empêcher les autres de souffrir).


B. Locus de Contrôle Externe (Proche de la "Méchanceté" avec Blâme)


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  • Les personnes qui développent un locus de contrôle externe (External Locus of Control) ont tendance à croire que leur vie est principalement contrôlée par des forces extérieures, la chance, le destin ou, surtout, les autres.


  • Réaction face aux difficultés : Elles attribuent leur malheur et leurs comportements (y compris nuisibles) à leur passé et aux personnes qui leur ont fait du mal.


  • Stratégie : Le blâme ou la projection devient un mécanisme de défense. En reportant la faute sur les autres, elles se déresponsabilisent de leurs propres actions présentes. Cette stratégie est souvent liée à des mécanismes de défense appris pour éviter la douleur, la honte ou la culpabilité internes, et peut se manifester par de l'agressivité ou de la méchanceté envers autrui.

 


  • Il est important de distinguer la gentillesse de la bienveillance car elles ne sont pas synonymes ; on peut manifester l'une sans l'autre, manifester les deux, ou aucune.

  • La gentillesse se réfère souvent à la forme ou aux manières, comme l'illustre l'exemple de l'agressivité passive : une parole est dite avec des formes polies ou douces, mais l'intention réelle est agressive ou nie le sentiment de l'autre. Dans ce cas, la forme est gentille, mais l'intention n'est pas bienveillante (car elle manque de compréhension et d'indulgence véritables).

  • Déceler l'agressivité passive implique de reconnaître un décalage entre la forme et le fond de la communication. Elle se manifeste par des comportements qui cherchent à exprimer l'hostilité ou la colère de manière indirecte, sans confrontation ouverte. Typiquement, on observe un manque de coopération (procrastination, oublis répétés, résistance sourde), des sarcasmes déguisés en plaisanteries, des formes excessivement polies ou douces qui nient l'agressivité sous-jacente, ou l'utilisation du silence et de l'évitement comme punition. L'agresseur passif utilise des tactiques qui le font paraître inoffensif ou même "gentil", obligeant l'autre personne à deviner ou à formuler l'hostilité pour lui, créant ainsi une atmosphère de tension et de confusion.

  • Inversement, la bienveillance est ancrée dans une intention sincère de compréhension et d'indulgence. Elle exige parfois de l'honnêteté, même si cela signifie dire quelque chose de difficile ou de désagréable à autrui.

 

2. Le rôle des Mécanismes de Défense


En psychologie, le fait de blâmer les autres (projection) est un mécanisme de défense qui permet à l'individu de se protéger de sentiments insupportables, tels que la honte ou l'impuissance liées à un trauma.

Le choix entre la gentillesse (empathie, prosocialité) et la méchanceté (agressivité, toxicité) après un passé difficile dépend largement de la manière dont la personne :


  1. Traite l'événement : A-t-elle eu le soutien nécessaire pour faire le deuil de ses souffrances ?

  2. Développe l'empathie : Les personnes qui utilisent leur douleur pour comprendre la douleur des autres (remise en question, traitement de l'émotion) ont tendance à devenir plus gentilles (ou plus prosociales).

    Celles qui utilisent leur douleur pour la renvoyer vers les autres (blâme) ont tendance à devenir plus hostiles.

 


Pour conclure, la tendance à l'externalisation de la faute (blâmer autrui) ou à l'introspection critique (remise en question) n'est pas considérée comme une fatalité ou une nature inchangeable, mais comme des schémas cognitifs et comportementaux appris. La recherche confirme l'important potentiel de changement et d'évolution chez l'individu.


Surtout, la prise de conscience de ces mécanismes constitue la première marche décisive vers un chemin radicalement différent, ouvrant la voie à des nouvelles perspectives et à une responsabilisation plus saine et nuancée au fil du temps.

 


Comme l'a si bien dit le psychiatre et philosophe Carl Gustav Jung :

« Tant que vous n’aurez pas rendu l’inconscient conscient, il dirigera votre vie et vous appellerez cela le destin. »

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